L’une des qualités de la photographie mise en scène, en tant que genre, est son esthétisme. La beauté attire notre regard et révèle ainsi des histoires toutes à la fois subversives et ambiguës. L’interaction entre la beauté et l’élément inhabituel de l’image questionne notre curiosité visuelle. Un regard sur le travail de Maria Friberg, de la fin des années 1990 à aujourd’hui, montre qu’elle est un maître en la matière.
Dans son travail, l’artiste met en lumière la vie humaine dans contexte au sein duquel les pouvoirs de la nature et de la culture sont difficiles à cerner. Dans ses dernières oeuvres, Maria Friberg donne, par le biais de l’enfance, une configuration artistique à ces questions. Belonging (2010) montre un jeune garçon assis sur une montagne de jouets de couleurs vives. C’est le portrait du fils de l’artisteentouré du nombre colossal d’objets qu’il a déjà amassé. Réminiscence du travail iconique de l’artiste conceptuelle américaine Barbara Kruger, I shop therefore I am (1987), Belonging offre un véritable témoignage de la société de consommation contemporaine.
La série Duration (2012) est dans cette même optique. C’est par le prisme de l’enfant, que Friberg présente l’influence de la technologie sur notre mode de vie. Sur le sol d’une pièce sombre et isolée, nous voyons la silhouette d’un personnage assis, solitaire, devant un ordinateur portable. Dans le fond apparaissent de grandes fenêtres ouvrant sur un paysage estival verdoyant. L’ambiance quasi religieuse de la pièce suggère que le temps d’utilisation de l’ordinateur est devenu un moment sacré de nos vies. L’enfant semble hypnotisé, le sentiment d’isolement et de solitude est évident, alors qu’il est probable que l’enfant utilise l’ordinateur pour communiquer avec des amis par l’intermédiaire des différents réseaux sociaux.