a) Frottements rapides, énergiques et répétés sur une partie du corps, à des fins thérapeutique (pour faciliter l’absorption d’un médicament par la peau ou augmenter localement la circulation).
b) Résistance entre les surfaces de deux corps en contact qui se déplacent l’un par rapport à l’autre.
c) Désaccords, heurts, conflits entre personnes.
Si le terme de friction sous-entend la notion de contact, elle la sous-entend plus en terme de rugosité qu’en terme de glissement ; et laisse entendre que chacun des corps mis en contact laisse un peu de lui-même dans cette opération. S’il est ici question de limites, elles ne désignent pas la zone de glissement d’un corps dans un autre, mais bien celle où se joue leur résistance mutuelle à la pénétration; les limites redeviennent frontières, tranchées, barricades.
Série de dessins sur papier format A4, techniques variables
La tradition de la «perruque» est aussi ancienne que le travail industriel. Cette pratique ouvrière, apparue au 19e siècle, consiste à détourner les outils et les matières premières de l’usine pour fabriquer des objets à l’usage du travailleur. Il s’agit ici d’une forme de «perruque», puisque chaque dessin a été fait sur du temps de travail «volé» à l’employeur sur du papier «emprunté» dans des photocopieurs et des imprimantes. Au-delà du détournement de flux économique, l’application et la méticulosité de ces dessins donnent à voir une économie de l’ennui, une ruse face à l’aliénation d’un travail alimentaire et une forme de résistance aux exigences de productivité.
Papiers roses découpés, encadrés sur fond blanc, différents formats, coproduction 40mcube/Rennes
Le découpage permet au trait d’exister physiquement, il devient une fine zone de plein, coincé entre deux zones de vide. La «forme objet» découpée existe dans sa matérialité propre, permettant ainsi de dépasser la notion de dessin pour aborder celle du motif. Cette série de découpages roses, méticuleux, empreinte à l’esthétique des «ouvrages de dames», tout en créant une dissension entre la forme et le contenu. Les sujets issus du registre des faits divers, de la violence domestique ou historique flirtent avec la force conjuguée de la cruauté et du «déjà vue». Cette distance entre le médium et le sujet souligne la part
d’humour insufflée dans cette pièce. Comme si on avait substitué aux «paysages bucoliques» et aux « scènes de chasse » d’une collection de broderies ; des massacres, du commerce humain, des accidents de la route et d’autres formes de violence.
Série de sculptures en résine minérale peinte, dimensions variables
De la même manière que la «série rose» emprunte au registre de «l’ouvrage de dame», « les chinois » empruntent au registre de la porcelaine. Si ces volumes en reprennent la blancheur, c’est pour également visiter un champ d’expression qui s’étend du pur motif décoratif jusqu’à la scène de genre. Là encore, il s’agit de substituer aux habituelles «ballerines» ou «chasseurs», des scènes empruntées à l’imagerie du cinéma d’horreur et, d’une certaine manière, d’aller flirter sur le terrain des arts décoratifs en remplaçant le « sens » par « l’intelligible », la « pertinence » par le « charme ». Le titre « Les chinois », vient du terme anglais « china », qui désigne aussi bien la Chine que la porcelaine. Ainsi les sculptures bon marché que l’on trouve dans les bazars chinois, sont à la fois «made in china» et «made of china», et cette référence est le seul indice restant d’un processus qui démarra avec l’observation de ces simulacres kitsch. A la fin du processus il ne reste ni porcelaine, ni chinoiseries, il ne reste que «Les chinois», dans toute leur idiotie.