Les œuvres d'Adam Jeppesen ont comme point de départ la photographie documentaire classique.
En tant qu'artiste, il enregistre et sélectionne des fragments de réalité et les cultive afin que le sujet choisi acquiert une signification particulière. Jeppesen travaille la photographie et ses images fonctionnent comme des univers nets et sensuels, riches en détails, visualisant le monde tel qu'il est, sans manipulation ou mise en scène artificielle. Jeppesen prend le monde tangible à sa valeur nominale, en ce sens que son motif artistique - la réalité - existe déjà, et n'a pas besoin d'être recréé ou mise en scène.
Les thématiques de Jeppesen alternent entre des paysages et des intérieurs. Le temps semble suspendu. Il permet aux lieux d'apparaître comme eux-mêmes. Les images sont composées selon leurs propres qualités esthétiques, des lieux avec leurs caractéristiques et leurs sens.
Jeppesen est connu depuis une dizaine d’année, pour une œuvre la fois précise et un style distinctif qui s’est cristallisé dans sa première monographie majeure, Wake (Steidl, 2008), créant un espace entre le documentaire et le rêve. La nostalgie est centrale dans son travail et de nombreuses décisions esthétiques sont encore prises dans le souvenir, la projection et le rêve.
Certaines images sont loin d'être parfaites. Le frottement dans une boîte a rongé la surface de certains négatifs laissant des traces d’éraflures sur les tirages qui attestent du voyage physique que le travail a partagé avec l'artiste. Les accidents occasionnels que la plupart des photographes cherchent à effacer, comme les fuites de lumière et les surexpositions, sont ici autorisés à vivre. Certaines photographies flirtent avec une totale abstraction. Jeppesen expérimente des techniques non conventionnelles, effacées et éphémères.
L'artiste questionne l'autorité de l'impression, le résultat final, la conclusion attendue de l'acte photographique.