Bendana | Pinel Art Contemporain a le plaisir de présenter "Paysage géométrique", la première exposition personnelle de Waldo Balart à la galerie, plus de cinquante années après son introduction sur la scène artistique parisienne par la Galerie Iris Clert en 1967, galerie majeure de l’après-guerre.
D’origine cubaine, Waldo Balart fréquente les milieux artistiques et culturels new-yorkais dans les années 1960. Marqué tant par les enseignements de Peter Forakis que les idées d’Hans Hoffman et Josef Albers, Balart s’imprègne de l’esthétique de l’art abstrait qui marquera l’orientation de sa carrière.
Les œuvres que l’artiste nomme « propositions », offrent une solution plastique originale et unique, dans lesquelles rythmes linéaires, courants d’énergie chromatique et formes composent des paysages géométriques qui n’ont de sens que par eux-mêmes. C’est l’absence de référents d’interprétation en dehors de la réalité de l’œuvre, qui exécutée grâce à des règles mathématiques de son invention, lient son travail à l’art concret.
Au travers d’un développement systématique par série, Balart s’est d’abord exprimé par la couleur de manière instinctive. A l’image de la série Conjuntos no Vacios, l’artiste équilibrait le poids transmis par les volumes géométriques avec le poids émotionnel de la couleur – plaçant les couleurs froides en haut, et les couleurs chaudes en bas, considérant également la loi de la gravité. Sa réflexion l’a ensuite poussé à systématiser son travail autour d’un langage propre développé à partir de la structure de la lumière. Ainsi, Balart codifie numériquement de 1 à 8 les sept couleurs du spectre lumineux en y ajoutant le magenta, générant le Codigo de la Estructura de la Luz (CEL) [Code de la Structure de la Lumière]. Leur organisation dans un Orden Axiomatico [Ordre Axiomatique] a donné naissance à El Desarrollo cromatico del CEL [Développement chromatique du CEL], une sérialité mathématique à partir de laquelle il peut extraire des combinaisons de couleurs formant ses « propositions ». Comme les notes de musique d’une partition produisant des rythmes et mélodies selon leur composition, Balart visualise mentalement les couleurs à partir de son Ordre Axiomatique afin de définir les forces qui formeront son image. Cette organisation mentale devient le noyau intellectuel de toute son œuvre, le rapprochant par ailleurs des réflexions des conceptualistes tel que Sol LeWitt dont il a suivi la formation au MoMa à New-York.
En principe, cette méthode de création peut sembler très rationnelle et limitée. Pourtant, Balart a su la réinventer avec souplesse. La systématisation de son travail lui offre en réalité la liberté de rechercher des variations infinies de sa créativité, qu’il développe dans différentes séries telles que Imagen Fragmentada Integrada de Ángulo Variable, Imagen Ortogonal Fragmentada Integrada, ou Nudos qui sont parties de cette exposition.
S’intéressant à l’effet sensoriel produit par les couleurs et leur action sensible sur l’être humain, Balart tente de susciter chez le spectateur des réactions ouvrant le chemin à une investigation personnelle et à un besoin d’introspection. Balart partage en ce sens une réflexion sur la possibilité de l’art d’induire par la contemplation une certaine spiritualité avec les avant-gardes des années 1920 tels que Vassily Kandinsky, Piet Mondrian ou Kasimir Malevitch. Ainsi, par cette recherche et l’expression d’une sensation chromatique, le rationnel et la règle laissent place à une approche plus émotionnelle. Comme une déambulation dominicale dans les jardins du château de Versailles où l’on apprécierait leur conception symétrique et le mariage des couleurs, les paysages géométriques de Waldo Balart invitent le spectateur á une promenade intérieure.