Bendana | Pinel Art Contemporain a le plaisir de présenter la première exposition personnelle d'Aspasia Krystalla « Unfamiliar Eden » à la galerie.
Le règne animal et végétal, un milieu urbain asphyxiant et déformé, l'être humain ; petites narrations d'une imagerie au sein de laquelle l'encre ne permet aucune déviation architecturale ou structurelle. Il est connu de tous que les résultats sont déterminés par les moyens employés - une connaissance qui est généralement dévalorisée en ce qui concerne l'image et sa lecture. Conscient de cela, l’artiste crée de plus fortes illusions et des interconnexions spatiales entre l’image, le matériau et sa lecture, à travers lesquelles des pensées fleurissent et émanent du centre – et c’est précisément là que chacun doit se placer pour apercevoir ce qui se développe.
Une sorte de collage surréaliste composé de récits où l'encre, le trait et la forme composent un système de communication, un message qui, a priori, ne se base ni sur l'objet, ni sur le sens, ni même sur l'idée. Un message qui s’adresse à la blessure, au vécu, à la communauté. La forme marque, délimite, compose, raconte les mythes personnels d'Aspasia Krystalla ; elle compose et est à son tour composée à travers différents niveaux qui relatent une composition "illogique", dans laquelle l'ambiguïté révèle le début du mythe personnel de l'artiste.
L'artiste suit un processus inversé de lecture et d'exécution de ses mythes ; elle ne les offre pas généreusement pour que la société se les approprie. Elle ne les embellit pas. Elle les rend hermétiques ; elle transforme le réel, le régule ; elle les représente de manière à ce qu'ils comportent plusieurs niveaux de lecture.
Le matériau (l'encre) a été choisi consciemment. C'est précisément le matériau qui écrit, qui imprime, qui empreint la parole mythique, en faisant de l'image une écriture, tout en reconnaissant sa propre importance et, comme l'écriture elle-même, revendique, lui aussi, une lecture potentielle de sa forme. Indépendamment de la forme, Aspasia Krystalla examine à chaque fois cette écriture et lui donne sens. Elle ne se contente pas de la "découverte" d’un "fait", avec une interrogation personnelle qui devient l'objet de son processus artistique. Au contraire, elle explore des façons qui lui permettent de composer des signes-objets qui fonctionnent en tant que symboles qui "parlent" de la vie. Elle examine les formes et, par extension, les idées d'un langage dont le résultat final contient le sens en tant que signifié et le signifiant en tant qu’image dont le sens – les signes – est séparé de l'image. La rupture et la composition sont les matières premières de l'œuvre de l'artiste. Il s'agit d'une composition "non systématique et illogique" qui cherche à renverser ses propres mythes personnels.
Pour Aspasia Krystalla, l’écriture frontale, la « déconstruction » des éléments - c’est-à-dire, une sorte d’écriture analytique, de « collage » analytique, avec des éléments de fragmentation de la perspective mais également de composition d'un environnement onirique, symbolique et hostile – compose une réponse à la « politisation de l'esthétique » à laquelle Walter Benjamin faisait allusion et qui semble de nos jours une utopie.
Un non-lieu du lieu qui agit en tant que dimension, matière et matériau des signes.
Dr Dorothea Konteletzidou
Historienne/ théoricienne de l'art