Landscapes Beneath

Christiane Pooley

20 octobre > 1er décembre 2018


Bendana | Pinel Art Contemporain a le plaisir de présenter la deuxième exposition personnelle de « Landscapes Beneath ».


Volontairement pour laisser le spectateur approcher et pénétrer ses toiles, ou qu’elle-même puisse s’y projeter sans être complètement impliquée, Christiane Pooley représente de nombreuses vues de paysages indéterminés. S’ils référent souvent à sa contrée natale, elle ne la nomme pas. Douces plages de couleurs, dégradés de tons qui accueillent autant de francs coups de brosses que de délicats aplats, ces horizons laissent ainsi poindre une narration très ouverte, un espace de projection élargi. Car en partant de ses propres images, réelles ou mentales, l’artiste les relie à l’histoire plus globale de la grande tradition picturale ou aux souvenirs de chacun. Christiane Pooley élabore des compositions qui mêlent différentes temporalités et, par la distance, traite également, comme en sous-couche ou dans une double surface, d’une actualité brûlante référant à tous les déracinés que le monde connaît aujourd’hui.


Christiane Pooley s’est toujours immergée dans la peinture tout en développant, en parallèle, une réflexion sur l’acte-même qu’elle est en train de réaliser : quoi peindre et pourquoi ? Si le paysage s’inscrit bien dans l’un des grands classiques de l’histoire de l’art, elle sait, dès le départ « qu’elle ne peint pas une image, mais la peinture ». Ici, nul raisonnement illusionniste, mais la recherche d’un équilibre formel qui demeure, comme l’écrivait Maurice Denis, dans une référence ne cessant de pouvoir être analysée par les plasticiens : « Se rappeler qu'un tableau – avant d'être un cheval de bataille, une femme nue, ou une quelconque anecdote – est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ». Christiane Pooley scrute les surfaces et les matières ou cette dichotomie entre la toile lisse et le volume de peinture qui y est déposé. Elle peut aussi travailler sur des bois et des cuivres, toujours dans cette distance étudiée entre la surface et la reproduction qui y est contenue. Ses matières lui permettent de se faire épouser des tons tendres, souvent concentrés sur les verts et les roses, les tonalités de la nature et de la chair… Le souvenir de son geste apparaît clairement sur le tableau, comme ces coups de brosses qui imposent une dynamique qu’elle peut aussi étirer dans la grandeur des formats. Fouillant la peinture, elle en interroge les limites et n’a donc jamais achevé son investigation sur le thème de ce qui peut nous évoquer l’idée du paysage… « D’ailleurs, pour moi il représente un autoportrait, quand il n’est pas réifié. » On oserait avancer que le paysage la rassure, à la manière d’un environnement familier. « Je vois, poursuit-elle, le tableau comme une scène de théâtre, donc cette projection, à partir d’images conservées dans ma rétine, regroupe les considérations psychologiques les plus intimes. »


Marie Maertens


Octobre 2018


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