Spectral Lines

Dineo Seshee Bopape | Lunga Kama | Jessica Lajard

6 novembre > 18 décembre 2010

Bendana-Pinel Art Contemporain, en collaboration avec la galerie Michael Stevenson (Le Cap – Afrique du Sud), présente le travail de trois jeunes artistes dans le cadre d’une exposition dont le titre Spectral Lines joue sur un double sens, les raies du spectre de couleur et les traces de fantômes.

Dineo Seshee Bopape, Lunga Kama et Jessica Lajard partagent un intérêt pour la couleur ce qui les singularise par rapports à d’autres artistes de leur génération dont le travail s’appuie principalement sur des éléments conceptuels. Lors de la récente exposition Lights Camera Action au Marshall Haus de Berlin, l’installation de Dineo Bopape Anthrophobia ressemblait à un vaisseau spatial de la planète la Couleur échoué dans un désert de gravité monochrome. Le Stick de Jessica Lajard a l’air d’un totem venu de l’espace, comme une contrepartie multicolore à celui sombre et menaçant de la scène d’ouverture du film de Kubrick « 2001 l’odyssée de l’espace ». Dans Ze, autoportraits de Lunga Kama, les poses stylisées et les points de couleur soigneusement répartis sur le corps de l’artiste démentent leur sombre contenu. Aux médicaments qu’il utilise pour son traitement psychiatrique Kama a ajouté des comprimés de vitamine C pour rendre l’image plus équilibrée, plus colorée et en fin de compte plus belle.

De la même façon, chacun des trois artistes convoque des fantômes et leur violence intrinsèque, comme celle de l’animal de Still no fucking idea de Lajard dont les membres et les cornes ont été sectionnés. Quand Kama enlève la couleur de ses images, comme dans sa nouvelle série de photographies sans titre, leur inhérente obscurité devient plus aisément apparente. Dans un paysage indéterminé, une figure fantomatique navigue sur une ligne étroite entre la forme et le sans-forme. Quand à la vidéo Bird’s Milk de Bopape, elle traite spécifiquement de l’absence; l’artiste après une rupture sentimentale douloureuse a coupé toutes les images de son amant qui devient de fait un fantôme qui plane sur la vidéo.

Les deux connotations du titre de l’exposition sont somme toute secondaires par rapport au potentiel métaphorique de sa signification scientifique. Ce n’est pas une coïncidence si Bopape, Kama et Lajard ont joué le rôle d’étranger à différentes étapes de leurs vies. Leurs biographies invoquent la notion d’ « être espion » telle que l’a définie Felix Gonzalez-Torres: l’étranger qui remarque des subtilités que d’autres ne remarquent pas. En physique, une raie spectrale est une ligne sombre ou lumineuse dans un spectre électromagnétique autrement uniforme et continu de lumière ; elles sont le résultat de l’interaction entre un système quantique (généralement des atomes) et le rayonnement magnétique. Si on voit les artistes comme des atomes, leurs œuvres deviennent les raies qui résultent de leur interaction avec leur environnement visible. Bopape, Kama et Lajard produisent les raies qui déterminent le spectre de leur génération.

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